Les avantages d'une construction en terre sont nombreux : confort thermique et hygrométrique, aspect écologique, esthétisme, techniques de construction variées. Outre la souplesse du matériau, son abondance et sa disponibilité en font un produit économique. Toutefois, sa mise en œuvre demande plus de temps, ce qui peut augmenter son coût si vous faites appel à un professionnel.
Voici de plus amples informations sur ce matériau et comment construire en terre.
1. Zoom sur les avantages de la construction en terre
La terre est un matériau qui offre de nombreux avantages pour la construction :
- La terre est abondante, disponible partout : la terre utilisée comme matériau de construction se trouve sous la terre végétale : celle-ci est décapée sur 10 à 30 cm – selon le type de terrain – afin de permettre l'accès à la terre utilisée pour construire, qui se compose entre autres de roches, de graviers, de cailloux, de sable, de limons et d'argile.
Important : la teneur en argile, qui tient le rôle de liant, est un élément essentiel dans le choix de la terre de construction.
- Un matériau au confort élevé : la terre est un matériau à inertie thermique importante. Elle permet de stocker la chaleur et de réguler les différences de température entre le jour et la nuit grâce à sa forte densité. Grâce à sa perméabilité à la vapeur d'eau, elle régule l'hygrométrie de l'air intérieur. Elle empêche ainsi les phénomènes de condensation et de moisissures.
- Un matériau écologique : l'utilisation de la terre crue, qui ne nécessite pas de cuisson, ne génère que très peu d'émission de dioxyde de carbone (CO2), et surtout pas de déchets. De plus, il est souvent possible d’utiliser de la terre disponible localement, ce qui réduit les besoins en énergie en termes de transport.
- Un matériau aux qualités esthétiques : selon les techniques de mises en œuvre, la construction en terre permet une grande variété de rendus. La gamme de coloris est large et, comme il est possible de mêler la terre à d'autres matériaux tel que le bois, le résultat est très esthétique et harmonieux.
2. Choisissez une technique pour construire en terre
Chaque technique de construction nécessite des qualités et des dosages différents pour chacun des constituants.
La bauge et le pisé, en raison de leur forte épaisseur, peuvent être utilisés comme éléments porteurs d’une maison. Les adobes, les blocs de terre comprimés et le torchis conviennent surtout pour des cloisons intérieures ou un doublage de mur.
La bauge
La bauge est une technique de construction qui associe terre empilée et mélangée avec des fibres végétales souples et fines.
- La terre, qui doit être très argileuse, est d'abord purgée des plus gros cailloux.
- Elle est malaxée avec de l’eau et des fibres pour une bonne cohésion.
- On forme alors des mottes, qui sont assemblées en « levées » sur une hauteur de 60 cm environ.
Bon à savoir : la largeur doit être légèrement supérieure à celle du mur de soubassement pour homogénéiser l’assemblage.
- Les mottes sont ensuite retaillées.
Le pisé
Le pisé est également une technique de construction faite de terre compactée.
- La terre composée d'argile et de sable est tamisée pour supprimer les cailloux.
- Après l'avoir légèrement humidifiée, on monte les murs par couches successives dans un coffrage.
- Puis on compacte la terre avec un pilon.
Bon à savoir : ce type de mur ne peut être recouvert que d'un enduit terre ou chaux ; ceux à base de ciment ou de résines synthétiques – qui ne sont pas poreux – sont à proscrire car l'humidité ne peut plus s'évaporer.
Les briques en terre ou adobes
On adjoint éventuellement à la terre, dans une petite proportion, un liant comme de la chaux, du ciment ou de la paille, avant de la verser dans des moules.
Les briques sont ensuite démoulées et mises à sécher au soleil pendant 1 mois.
Bon à savoir : outre leur aspect très esthétique et décoratif, ces adobes apportent une inertie thermique, c'est-à-dire qu'elles emmagasinent et restituent la chaleur.
Exemple : un mur contre lequel on installe un poêle.
Les blocs de terre comprimés
Ces blocs sont réalisés à partir d’un mélange de terre de type pisé, qui doit être légèrement humide. Ils sont ensuite comprimés très fortement à l'aide d'une presse, puis stockés sous une bâche pendant 3 semaines avant d'être maçonnés à la terre.
Le torchis
Le torchis est composé du même mélange de terre et fibres végétales que la bauge.
On le forme avec des torches qu'on enroule ou qu'on tisse autour de lattes de bois, avant de les coincer dans une structure porteuse en bois.
3. Déterminez le bon type d'enduit pour une construction en terre
Les enduits servent à protéger ou à décorer un mur. On peut les utiliser sur toutes les techniques de construction en terre, ainsi que sur des bâtis en pierre, en chanvre ou en paille. Ils présentent plusieurs avantages :
- Ils ont un rôle protecteur face aux insectes, aux rongeurs et aux intempéries.
- Leur pouvoir de régulation hygrométrique offre un confort intérieur très agréable.
- L'épaisseur de l'enduit dépend du but recherché :
- elle sera importante si vous souhaitez une bonne inertie ;
- elle sera fine s'il s'agit de décorer un mur.
- Pour une texture plus uniforme et une bonne fixation en surface, on ajoute à l'enduit des fibres végétales ou de la paille.
- La couleur dépend de la teinte naturelle de l'argile, mais il est tout à fait possible de lui ajouter des pigments.
Bon à savoir : on trouve désormais des enduits prêts à l'emploi chez des revendeurs spécialisés en habitat écologique.
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4. Construisez en terre : les différentes mises en œuvre
Si vous décidez de construire ou rénover en terre, voici comment appliquer les différentes techniques.
La bauge
Il importe pour cette technique d'avoir une terre très argileuse et débarrassée des gros cailloux ; aussi commencez par retirer les pierres de la terre. Ensuite :
- Étalez la terre et mouillez-la, malaxez-la jusqu’à obtenir une pâte.
- Mélangez les fibres à la terre et foulez le mélange plusieurs fois avec les pieds.
- Déposez des fourchées de mélange sur le mur de soubassement (de 30 à 90 cm de hauteur), en oblique ou à plat, en laissant un débord de 5 cm.
- Montez la levée sur 60 à 90 cm de hauteur, puis tassez les débords avec un bâton.
- Laissez sécher de 1 à 4 semaines, puis coupez les débords avec un coupe-foin.
- Vous pouvez ensuite monter la levée suivante.
Le pisé
Entreposez la terre composée de sable et d'argile, et tamisée pour éliminer les pierres, à proximité du lieu de construction. Ensuite :
- Malaxez et humidifiez la terre (8 à 12 % d'eau), et laissez prendre le mélange sous un bâche plastique pendant 2 à 3 semaines.
- Fabriquez un coffrage avec des planches de bois de 2 à 4 m de longueur et d'une hauteur de 80 à 100 cm.
- Placez le coffrage sur le mur de soubassement, puis maintenez les planches ensemble grâce à des clés traversantes qui seront retirées au moment du décoffrage.
- Jetez une première couche de terre de 10-cm environ dans le coffrage, puis tassez-la avec les pieds.
- Damez ensuite la couche de terre en 2 fois.
- Procédez ainsi, par couches de 10 cm, jusqu'à ce que le niveau de la terre atteigne l'arase du coffrage : la banchée est à ce moment-là achevée.
- Décoffrez puis remontez le coffrage à la suite. Poursuivez de la même manière jusqu'à ce que le tour du bâtiment soit fait : vous avez terminé la première levée de terre.
- Continuez la montée des murs en posant les levées suivantes à cheval par rapport aux précédentes.
Les adobes
Enlevez les pierres de la terre, supprimez les mottes et tamisez-la. Ensuite :
- Mouillez la terre jusqu'à ce qu'elle devienne presque de la boue et laissez-la reposer 48 h.
- Malaxez-la ensuite avant d'ajouter les fibres dans une proportion de 30 % du volume total.
- Fabriquez des moules en bois sans fond aux dimensions souhaitées.
- Mouillez les moules et jetez-y la terre.
- Arasez, puis démoulez sur un sol couvert de paille ou de sable.
- Retournez les blocs plusieurs fois, sur une période de séchage de 3 à 4 semaines.
- Aspergez ensuite les blocs séchés, avant de monter les murs sur un soubassement en pierre ou en brique.
- Utilisez un mortier de terre ou de chaux pour les assembler, et montez les murs à raison de 80 à 100 cm par jour pour un tassement optimal du mortier.
Le torchis
Foulez, mouillez et étalez la terre sur le sol, en ajoutant de 25 à 30 % d'eau pour qu'elle soit pareille à une pâte molle. Ensuite :
- Ajoutez les fibres, malaxez le mélange et laissez reposer 2 jours.
Bon à savoir : la nature du torchis dépendra du type de support qui le recevra ; cette technique, difficile à mettre en œuvre, est surtout réservée aux professionnels.
- Mouillez le treillis, puis garnissez-le à la main ou à la truelle, de bas en haut puis des extrémités vers le centre.
- Lissez le tout.
- Garnissez la première face et laissez-la sécher 1 journée.
- Remplissez ensuite la seconde face avec le torchis, qui vient s’accrocher sur la première couche déjà sèche.
- Effectuez plusieurs passages pour boucher les trous éventuels.
- Striez la surface avant séchage pour que le futur enduit accroche parfaitement.